Les carnets de dessin de Ludovic Rodo Pissarro

Ludovic-Rodolphe, quatrième fils de Camille Pissarro, signait ses œuvres Ludovic Rodo : Ludovic, prénom reçu en hommage à Ludovic Piette décédé peu de temps avant sa naissance, et Rodo, son surnom familial. Comme ses frères Lucien, Georges, Félix et Paul-Émile, il commence à dessiner très jeune, encouragé par son père, et grave ses premières planches sur bois à l’âge de seize ans sur les conseils de Maximilien Luce. Dans les années 1898- 1903, il vit et travaille parfois aux côtés de son père à Paris et en Normandie, puis entreprend d’innombrables périples en l’Europe (Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Angleterre). Il contribue dès lors à diverses publications tant en France qu’en Angleterre. Ludovic Rodo s’établit à Montmartre, quartier auquel il reste toujours fidèle malgré de longs séjours à Londres. Jusqu’en 1914, fasciné par la vie nocturne, ses motifs prennent souvent pour sujets des scènes de cabarets montmartrois où perce bien souvent l’influence du fauvisme.

Les quelques deux-cent-vingt carnets de l’artiste conservés au musée Camille-Pissarro documentent ses voyages et ses amitiés artistiques. On le retrouve ainsi à Dieppe, sur la côte normande, en famille, à Moret-sur-Loing ou à Martigues avec Francis Picabia et son frère Georges, en Bretagne où il se lie avec le cercle de Maurice Asselin, au Pays Basque ou encore à Londres. De nombreux visages connus se retrouvent au fil de ses carnets : Paul Durand-Ruel, Georges Braque, Othon Friesz, Charles Madvig, Jacques Vaillant, Armand Guillaumin, William Thornley, Maurice Asselin, Pierre Mac Orlan, Alcide Le Beau, Guillaume Apollinaire, Henri Le Fauconnier, Albert Marquet, Charles Camoin ou encore les anglais : Robert Bevan, Spencer Gore, Harold Gilman et Walter Sickert.

Réfugié en Angleterre pendant la Première Guerre mondiale, devant s’adapter à une interdiction de peindre en extérieur, il gagne sa vie en publiant ses dessins et ses gravures dans la presse, puis en 1919, il fonde avec ses frères, le « Monarro Group ». Il se consacre durant les dernières années de sa vie, au catalogue raisonné de l’œuvre de son père, publié en 1939.